« Jaurès, du 19ème siècle au 21ème siècle » par Gilles Candar
Dans le cadre des forums régionaux du savoir organisés par l’association Science Action de Rouen, Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes est intervenu le 30 octobre 2014 pour évoquer la figure de Jean Jaurès. On peut retrouver dorénavant en ligne la vidéo de sa conférence intitulée « Jaurès, du 19ème siècle au 21ème siècle »
→ La vidéo de la conférence de Gilles Candar en ligneDeux colloques auront lieu au mois de décembre sur l’histoire du socialisme et du marxisme. Jean-Numa Ducange, de la Société d’études jaurésiennes, a participé à l’organisation de ces deux événements.
La Grande Loge de France organise pour la commémoration du centenaire de la mort de Jean Jaurès une conférence publique sur le thème :
"Jean Jaurès : République et religion pour un humanisme spirituel"
Deux intervenants seront présents : Jean-Paul Scot, membre de la Société d’études jaurésiennes et auteur d’un récent livre « Jean Jaurès et le réformisme révolutionnaire » (Seuil), et Eric Vinson, coauteur pour sa part de « Jaurès le prophète » (Albin Michel), écrit en collaboration avec Sophie Viguier-Vinson.
La conférence aura lieu le lundi 24 novembre 2014 à 19H30 ( Temple F.Roosevelt, 8 rue Puteaux, 75017 Paris).
D’avril à septembre 2014, Gilles Candar a tenu une chronique hebdomadaire dans le journal fondé par Jaurès, l’Humanité. Nous terminons la publication sur le site de la Société d’études jaurésiennes de ses chroniques. Quatre derniers thèmes sont ici abordés : tout d’abord Jaurès et les grèves, et plus particulièrement sa position vis-à-vis de la question de la grève générale, thème régulièrement débattu au sein du mouvement ouvrier. Ensuite, on pourra lire la position de Jaurès en ce qui concerne le patronat et enfin la dernière chronique fait le point sur les femmes.
Jaurès et les grèves
Les ouvriers ont le droit de grève en France depuis 1864, mais avec des risques importants : misère en cas de grève longue, licenciements collectifs (lock-out) ou individuels, jusqu'aux blessures et morts causées par des forces de l'ordre brutales ou expéditives : Fourmies (9 morts en 1891), Villeneuve-Saint-Georges (4 morts en 1908) demeurent dans les mémoires, et ce ne sont pas des cas isolés. Au nom de la défense nationale, le gouvernement Briand réquisitionne en 1910 les cheminots en grève et les menace de révocation afin de briser le mouvement de grève de ces salariés relevant alors du secteur privé.
Député républicain, Jaurès n'est pas favorable aux grèves qui divisent les travailleurs et appauvrit le pays. Il les comprend et les accepte quand il prend conscience de la nécessité d'une action organisée pour obtenir des réformes. Mais auparavant, il s'était déjà affirmé solidaire des victimes de la répression. La lutte des classes a chez lui d'abord un fondement moral. Il devient ainsi socialiste et il fait l'expérience de luttes difficiles avec les ouvriers de sa région ou d'ailleurs, car il est souvent appelé en soutien ou en conseil. Il noue avec des militants ouvriers des relations de confiance qui persistent même dans les périodes de divergences. De manière sensible et concrète, il saisit le rôle décisif que peuvent jouer les ouvriers dans le changement de société. Cela n'exclut pas une recherche d'alliances ou de compromis. Il propose vers 1899-1900 d'élire des délégués d'usine chargés de négocier avec la direction. Le projet inquiète le patronat, mais aussi les syndicats et ne se réalise pas.
Jaurès souhaite que les grèves, si elles ont lieu, soient efficaces, fortes et utiles. Il reprend une proposition de Jules Guesde pour qu'elles soient votées par la majorité des suffrages ouvriers concernés, mais alors applicables par tous, la minorité devant respecter le choix majoritaire. Le dialogue avec les syndicalistes révolutionnaires de la CGT et des Bourses du Travail, en plein essor au début du siècle, est souvent rugueux, mais il a lieu. En 1906, Jaurès crée dans L'Humanité une Tribune libre pour les syndicats et coopérateurs qui est maintenue malgré les vives critiques des guesdistes. De son côté, il fait valoir ses arguments, notamment dans ses articles de l'été 1908, sur le déroulement des grèves qu'il souhaite débarrassées de toutes les violences inutiles, décidées et menées de manière démocratique. Les désaccords persistent, mais les contradictions cessent peu à peu de prendre un caractère trop antagoniste entre socialistes et syndicalistes...
L'Humanité, 23 juin 2014
Jaurès et la grève générale
Solidaire des travailleurs, actif dans de grandes grèves ouvrières, qu'il soutient, conseille et critique fraternellement à l'occasion, Jaurès est logiquement confronté à la question de la grève générale. Mot d'ordre autant que forme d'action, celle-ci est popularisée au cours des années 1890 par Fernand Pelloutier, l'animateur des Bourses du Travail, Aristide Briand, avocat et journaliste socialiste alors très à gauche, et par des syndicalistes souvent libertaires. Elle traduit une aspiration à un moyen efficace de révolutionner la société alors que des modes traditionnels : l'insurrection ou la « journée » révolutionnaire, le suffrage universel depuis 1848 apparaissent trop lents et décevants. Le mouvement ouvrier du temps vit avec le souvenir de la Commune : une mémoire glorieuse, mais aussi le traumatisme de la défaite et la volonté de trouver des moyens d'action plus efficaces.
Jaurès se montre d'abord assez réservé. Cela n'a rien d'exceptionnel pour un socialiste. Les « marxistes » et Jules Guesde en tête sont encore bien davantage critiques face à cette nouveauté susceptible de réduire le rôle du parti pour préparer et guider le mouvement révolutionnaire par l'organisation, la propagande et la participation aux élections. Jaurès admet des grèves générales professionnelles, pour un but déterminé, à condition que celui-ci soit largement compris et soutenu par une large partie de l'opinion. Il faut donc préparer, expliquer, et agir quand « la classe ouvrière, dans la profondeur de sa conscience, a accumulé assez d'énergie et de passion ». Le député de Carmaux pense possibles, voire souhaitables, de telles actions pour la journée de huit heures, l'instauration des retraites ou d'un système d'assurance contre le chômage. Il ne croit pas que ce soit un moyen qui permette de précipiter un changement complet de société, car ce serait jouer dangereusement avec la démocratie, avec la conscience ouvrière. Fondamentalement, il ne croit ni aux « coups de majorité », ni aux « coups de main »...
Après 1905, Jaurès approfondit et infléchit ses analyses. Attentif aux événements révolutionnaires en Russie, il reconnaît le rôle que peuvent jouer des grèves générales à objectifs politiques, par exemple dans le cadre d'une stratégie internationale contre la guerre. C'est pourquoi à partir de 1907, il défend au sein de l'Internationale la grève générale simultanée et préventive comme moyen d'action pour empêcher la guerre, soit pour « abattre un gouvernement de crime », soit pour contraindre les gouvernements à avoir recours à l'arbitrage et les empêcher d'aller jusqu'à la guerre.
L'Humanité, 30 juin 2014
Jaurès et les patrons
Défenseur du prolétariat industriel comme de la démocratie paysanne, Jaurès pouvait-il être l'ami des patrons ? Il en connaissait bien sûr, y compris parmi ses amis politiques. Aux origines du socialisme, on rencontre des industriels comme le britannique Robert Owen (1771-1858), le français Jean-Baptiste Godin (1817-1888) ou l'allemand Friedrich Engels (1820-1895). Jeune député républicain, Jaurès fréquente des patrons républicains du Tarn et des hommes d'affaires parisiens. Il ne faut ni rosir, ni noircir ces relations. Elles comptent dans l'apprentissage de la vie, de la comédie humaine et de l'envers du décor qui vont conduire vers un idéal socialiste le jeune philosophe investi en politique. Certains de ses interlocuteurs s'inquiètent rapidement de « la couleur bien vive » qu'il prend ou de son parti pris trop favorable aux ouvriers. Jaurès sait pourtant voir les qualités intellectuelles et morales de nombre d'entrepreneurs et comme il n'est pas homme à dissimuler, il l'explique très simplement dans un article de La Dépêche de Toulouse consacré aux « misères du patronat » (28 mai 1890).
Jaurès est alors un républicain, partisan de réformes sociales et de l'action ouvrière, mais il ne désespère pas de joindre celle-ci aux efforts d'une bourgeoisie progressiste. Il ne tarde pas à se montrer moins optimiste sur les possibilités patronales d'accepter ou de mener des avancées sociales. Il ne pouvait pas savoir que près d'un siècle plus tard son article serait repris, coupé et augmenté, trafiqué par des faussaires cherchant à le faire passer pour un défenseur de l'esprit capitaliste. Il est triste, mais pas trop étonnant, que ce faux soit encore utilisé aujourd'hui à droite ou dans une gauche très libérale et peu informée.
Par la suite, Jaurès socialiste se montre souvent acerbe, mais sans jamais verser dans la haine ou le dénigrement. Lorsqu'il appelle à l'action de classe les ouvriers de Clermont, dénonçant « la misère ouvrière », il répond à un militant qui s'est écrié « À bas Michelin ! » : « Non citoyen, je n'ai jamais prononcé, je ne prononcerai et ma conscience ne prononcera tout bas tout bas aucun nom propre... il ne s'agit ni d'invectiver les hommes ni de les outrager, mais de ruiner un système social qui, même avec des hommes excellents, produit de si détestables effets » (Chamalières, 7 octobre 1906). Dans L'Armée nouvelle (1910), il explique encore ce qu'apporteraient au socialisme les capacités d'initiative, d'organisation et de direction cultivées par la bourgeoisie. Il pense la lutte des classes, ses conditions, sa portée et ses limites, et au-delà. Mais sa perspective est bien d'aller vers un « ordre supérieur », la fin du capitalisme et la souveraineté du travail.
L'Humanité, 1er septembre 2014
Jaurès et les femmes
Jaurès est souvent décrit comme indifférent aux revendications féminines, comprenant mal ces aspirations nouvelles. Certes, il est un homme de son temps, respectueux des conventions : mariages arrangés par les familles, surveillance de la bonne tenue des filles... Il ne pouvait guère en aller autrement. Le ménage Jaurès ne diffère d'ailleurs pas de la plupart des autres foyers de dirigeants socialistes, toutes tendances confondues. L'épouse s'occupe des enfants, de l'intérieur, avec l'aide de domestiques dévouées. L'homme vit pleinement sa vie dans la sphère publique et il entretient la famille. Madame Jaurès est une épouse affectueuse, qui accepte les nombreuses absences de son mari, capable de se battre en duel avec un ministre dans un parc de banlieue un petit matin de Noël ou de partir soutenir les mineurs grévistes de la Loire juste avant le réveillon du 31 décembre 1899.
Mais là aussi, Jaurès réfléchit, se montre capable de bouger, d'imaginer autre chose, aidé par son intelligence et sa sensibilité. Il voit la société changer. Les femmes ont toujours travaillé, mais elles le font désormais autrement : Jaurès le constate dans La Dépêche de Toulouse (10 janvier 1907) : « dans toutes les branches [...] la femme assume la même fonction que l'homme. Elle devient de plus en plus, dans l'ordre économique, une personne identique à l'homme. Comment de cette identité d'existence et de fonction ne résulterait pas l'identité des droits et des revendications ? » Il soutient ces revendications, y compris le droit de vote et d'éligibilité à toutes les élections. Les congrès socialistes de Limoges et de Nancy comme celui de l'Internationale (Stuttgart, 1907) font de même. Sur le modèle éprouvé du 1er mai, le congrès international suivant (Copenhague, 1910) institue une journée pour le droit des femmes le 8 mars. En 1914, elle est célébrée pour la première fois en France par les socialistes.
Derrière les bonnes intentions proclamées, il est vrai que les socialistes se mobilisent peu, craignant les effets immédiats du suffrage féminin, obnubilés par leur combat « principal » pour la représentation proportionnelle. Les revendications féminines sont reportées en fin de programme... Mais Jaurès chemine. Il attend beaucoup de la mobilisation des femmes pour la paix, salue à l'occasion le mouvement suffragiste des Britanniques, défend les revendications sociales, bataille à la Chambre pour obtenir en faveur des institutrices un salaire égal pour un travail égal (1913). Aujourd'hui encore, il ne s'agit pas de « revenir à Jaurès », mais de prolonger son combat pour l'émancipation.
L'Humanité, 8 septembre 2014
© Gilles Candar
D’avril à septembre 2014, Gilles Candar a tenu une chronique hebdomadaire dans le journal fondé par Jaurès, l’Humanité. Nous continuons la publication sur le site de la Société d’études jaurésiennes de ses chroniques. Quatre nouveaux thèmes sont ici abordés : Jaurès, profondément internationaliste, s’est préoccupé de la diplomatie et des relations internationales. Dans ce cadre, il a porté un regard particulier sur la question des travailleurs immigrés. Attaché à l’émancipation sociale, il a également insisté sur le rôle bénéfique des syndicats. Enfin, conscient que le socialisme devait construire une humanité nouvelle, Jaurès s’est également penché sur le sport et l’éducation physique.
Jaurès et la diplomatie
La discussion du traité transatlantique sur le commerce entre l'Union européenne et les États-Unis d'Amérique pose à nouveau la question de la diplomatie secrète. Cette question n'est pas nouvelle. Elle constitue ainsi une des grandes critiques portées par Jaurès contre la diplomatie de son temps. Après L'Armée nouvelle, il aurait voulu écrire un livre sur la diplomatie que mènerait une France socialiste.
Comme souvent, face à ses critiques, ses adversaires accusent Jaurès de naïveté et d'idéalisme parce qu'il s'en prend aux traités secrets, aux combinaisons tortueuses nouées par des diplomates qui évitent de se référer aux assemblées élues, au suffrage universel et à la discussion publique. Pourtant, Jaurès persiste dans ses mises en garde. C'est pour lui essentiel. En République, les citoyens ont le droit de savoir. Le régime parlementaire alors en vigueur permet aux citoyens par l'intermédiaire de leurs élus d'interroger, de demander et d'obtenir une réponse sur les moindres détails du fonctionnement de l'administration, de la marche de la justice ou des affaires, des déclarations publiques des responsables, sauf dans le domaine réservé de la politique extérieure, réservé de fait aux ministres, aux hommes d'affaire et de presse, à une élite informée et s'estimant compétente. Jaurès s'en indigne. Quand nous demandons si la France est liée, quel est le contenu du traité qui nous lie à la Russie, dit-il, « quand nous demandons cela pour vous, on nous répond : vous n'avez rien à savoir, et le demander est un scandale et le demander est un sacrilège.... » et il conclut : « Et on vous appelle le peuple souverain ! Souverain dans les questions secondaires, esclave et muet dans les questions primordiales ! » (discours de Levallois-Perret, 27 février 1904).
Il est possible de dire beaucoup de choses sur la politique internationale de Jaurès, de discuter ses analyses, son évolution... Mais il est un principe constant chez lui : en démocratie, la seule méthode qui vaille, c'est d'exposer franchement et clairement ses positions devant l'opinion, et de recevoir un mandat pour les défendre. S'il apparaît nécessaire de les modifier, on s'en explique à nouveau devant le pays et ses institutions représentatives. Il ne faut pas non plus, nous y reviendrons, transformer Jaurès en partisan béat d'une ouverture économique totale. Pour bien se faire comprendre, il peut même avoir recours à des images plus simples qu'à l'ordinaire : « Il ne faut pas fermer sa fenêtre. Il ne faut pas non plus se pencher à la fenêtre si fort que l'on tombe dans la rue. » (Chambre des députés, 26 janvier 1911).
L'Humanité, 19 mai 2014
Jaurès et les travailleurs immigrés
Les migrations de population ne sont évidemment pas un phénomène récent. En Europe, les XIXe et XXe siècles sont marqués par de très forts courants migratoires, avec une situation particulière pour la France dont la natalité baisse plus rapidement que dans les autres pays. Sous la IIIe République, l'immigration y est constamment plus importante que l'émigration. La France compte 1 150 000 étrangers lors du recensement de 1911. Héritiers du boulangisme et de l'antidreyfusisme, les nationalistes dénoncent cette situation. L'ennemi est souvent intérieur et les « mauvais Français » juifs ou protestants, laïques ou franc-maçons sont constamment dénoncés, mais ils sont de plus en plus présentés comme servant l'étranger et aidés par l'afflux de travailleurs étrangers qui feraient baisser les salaires et porteraient atteinte à l'identité nationale.
La question passionne Jaurès. Nous reviendrons un jour sur ses analyses concernant l'Amérique latine. Sur la France elle-même, il n'hésite pas à écrire dans L'Humanité du 28 juin 1914 : « Il n'y a pas de plus grave problème que celui de la main d'œuvre étrangère ». Il ignore bien évidemment que ce même jour l'archiduc héritier d'Autriche-Hongrie va être assassiné à Sarajevo... et que d'autres problèmes vont dramatiquement et pour longtemps surgir au premier plan de la scène. La réponse de Jaurès est intéressante car elle est des plus nettes alors qu'au sein du socialisme français et international se manifeste sur le sujet une grande variété de positions. Pour Jaurès, les maîtres mots doivent être « liberté » et « solidarité ». Il dénonce la puérilité des partisans de la préférence nationale, qui réclament avec véhémence des mesures antiéconomiques et porteurs de divisions, mais il entend veiller aussi à ce que la main d'œuvre étrangère ne soit pas utilisée par le patronat pour avilir les salaires. Il réclame un salaire minimum et des accords collectifs, plusieurs décennies avant que ceux-ci ne soient institués sous la pression des mouvements sociaux conjugués avec une représentation politique plus progressiste... Il est donc certain qu'il n'aurait pas accepté des mesures européennes de statut détaché permettant d'utiliser à moindre coût une main d'œuvre étrangère. Jaurès est très attentif aussi à la liberté d'action des ouvriers étrangers « contre l'arbitraire administratif et policier ». Ils doivent pouvoir s'organiser et lutter « sans crainte d'expulsion ». Le radical Clemenceau, ministre de l'Intérieur, est d'un autre avis : les travailleurs étrangers n'ont rien à faire dans des manifestations politiques ou syndicales. Diversité de la gauche française...
L'Humanité, 26 mai 2014
Jaurès, les sports et l'éducation physique
Jaurès passerait difficilement pour un grand sportif ! Affaire d'époque en partie : rugby, football, cyclisme et athlétisme émergent et s'installent avec la génération suivante, alors que lui-même est déjà un adulte avancé. Et pourtant, ce monde ne lui est pas étranger. D'abord, il fait ce qu'il peut ! Il marche, beaucoup et avec plaisir, aussi bien à la campagne qu'en ville. C'est le Jaurès « de plein air et de bois d'automne », « dont le pied sonnait sur le sol dur des routes » que sait décrire avec encore de l'affection Charles Péguy. Il a des qualités sportives : la persévérance, le courage... Et il a de la curiosité. Il essaie. Sans trop de réussite, il s'initie au vélo, en passe de devenir l'accessoire obligé des Jeunes Socialistes et des « hommes de confiance », l'ancêtre du service d'ordre des manifestations du XXe siècle. En visite à Malmö, ville suédoise, il s'exerce sur les espaliers d'une salle de gymnastique...
Responsable politique, il encourage constamment l'éducation physique. Maire-adjoint de Toulouse, il refuse le militarisme des bataillons scolaires, mais il soutient la gymnastique, à l'école et au-dehors, par le biais des associations, afin d'obtenir des « jeunes gens robustes, souples et habiles ». Député, dirigeant socialiste, il soutient toujours à la tribune de la Chambre ou dans L'Armée nouvelle cette partie jugée essentielle de l'éducation. Il encourage « l'élan, les jeux où l'être se donne tout entier ». Il s'ouvre aux sports individuels ou d'équipe, patronnant dès 1908 la création d'une rubrique sportive dans L'Humanité, augmentée au début de 1913, lorsque Henry Dispan de Floran, jeune juriste fils d'un enseignant socialiste, passionné de boxe et de rugby, vient épauler le pionnier Henri Kleynhoff. Tous deux seront tués à la guerre, le commandant Kleynhoff en 1916 et Dispan, pacifiste dès le début, en 1918.
En même temps, Jaurès pressent les dangers de l'utilisation des sports par la société capitaliste, leur « énorme exploitation industrielle », leur transformation en « spectacle à grand fracas ». Il voit le risque de l'exaltation exclusive de « la force la plus grossière » et l'instrumentalisation possible dans les affrontements entre nations ou à l'échelle des civilisations. Il se montre attaché à un esprit olympique étendu à tous. Le sport pour lui reste un aspect particulier du développement général de l'être humain. Les mots sont parfois ceux de son époque, du moins ceux d'un professeur épris d'humanisme antique, cherchant à comprendre la nouveauté, mais ses préoccupations n'ont rien perdu de leur actualité.
L'Humanité, 2 juin 2014
Jaurès et les syndicats
Jaurès a vécu la naissance officielle et le développement du syndicalisme en France. La République modérée, héritière des conceptions individualistes et libérales de la Révolution française, hésite un peu avant de légaliser les syndicats. C'est chose faite en mars 1884 avec la loi Waldeck-Rousseau, du nom du ministre de l'Intérieur de l'époque. Les syndicats qui existaient déjà se méfient tout d'abord et craignent un contrôle gouvernemental, voire une mainmise idéologique. Mais la loi facilite de fait leur essor et leur organisation.
Jeune député républicain, Jaurès se singularise en allant à la rencontre des organisations ouvrières, en discutant avec leurs représentants et leurs militants. Il participe ainsi dès janvier 1886 au congrès de la Fédération nationale des mineurs qui se tient à Saint-Étienne. Il discute avec eux de leurs revendications, cherche à les faire adopter par la loi, en partie ou en totalité. C'est pour lui à la fois une nécessité sociale, politique et morale. Social car la détresse ouvrière est telle qu'il faut agir au plus vite. Politique car Jaurès comprend bien que sinon les milieux populaires vont se détourner de la République et se tourner vers la démagogie « césarienne », « boulangiste » ou nationaliste, comme en 1889 lorsque les mineurs de Carmaux votent en masse pour leur patron, Ludovic de Solages, conservateur mais paternaliste. Moral car l'idéaliste Jaurès ne conçoit pas que l'humanité puisse fonctionner avec autant d'injustices et d'inégalités. Cela lui est intolérable.
Jaurès s'intéresse aux divers aspects de la lutte : revendications sociales, droits politiques, conquête d'une dignité et d'une fierté ouvrières. Cette solidarité scelle son entrée dans le socialisme politique en 1892-1893. Les travailleurs peuvent compter sur Jaurès pour les défendre à la Chambre et dans la presse contre l'arbitraire, la répression patronale et gouvernementale. Après avoir soutenu la lutte des mineurs pour que leur responsable Calvignac puisse exercer ses fonctions de maire de Carmaux, Jaurès soutient les verriers solidaires de leur leader licencié, Marien Baudot, et de ce fait tous renvoyés par leur patron, un « républicain » hostile au syndicalisme. Il exalte à la Chambre « les meneurs (...) levés avant l'aube »... Mais tout en reconnaissant l'indépendance entière des organisations ouvrières, Jaurès les conseille aussi, il donne son avis sur les formes et modalités de l'action, la grève, les conditions de la prise de décision, sa conduite et ses conséquences. Situation et équilibre délicats, dont l'examen nécessite au moins une nouvelle chronique...
L'Humanité, 16 juin 2014
© Gilles Candar
D’avril à septembre 2014, Gilles Candar a tenu une chronique hebdomadaire dans le journal fondé par Jaurès, l’Humanité. Nous commençons la publication sur le site de la Société d’études jaurésiennes de ses chroniques ; quatre thèmes sont ici abordés : le respect de la politique, le rapport à la patrie et à l’Europe, la laïcité et la question des retraites. Huit autres thèmes seront très prochainement mis en ligne.
Le respect de la politique (L'Humanité, 14 avril 2014)
Jaurès était un personnage d'exception. Mais une tradition plus ou moins bien intentionnée voudrait le présenter en « saint laïque » inadapté à son milieu, à la limite ne comprenant pas les intrigues ou les manœuvres, une force inconsciente d'elle-même diront certains. Pour commencer cette chronique, qui souhaite confronter la vie, l'œuvre et la pensée de Jaurès aux enjeux de notre époque, il me semble nécessaire de rappeler en préalable que Jaurès est bien un homme politique, qui se veut tel et connaît parfaitement les règles du métier.
Il n'aime pas qu'on rabaisse par démagogie la dignité de l'action politique. Il est fier d'être élu, choisi par ses concitoyens. Il combat fréquemment les « calomnieuses sottises » de ceux qui se croient des esprits forts en répétant les éternelles fadaises contre les politiques présentés comme cyniques, cupides et sans valeur. Dans son journal, il admet, encourage ou pratique lui-même la plus vive polémique, mais il n'aime pas les attaques personnelles, les « batailles d'épigramme » pour reprendre une de ses expressions. En tout cas, il combat de face. « Je n'utilise pas des confidences personnelles ou des propos anonymes, je n'insulte pas, je n'outrage pas, je n'insinue pas... » revendique-t-il lors du congrès de Toulouse (1908). La politique doit être affaire de convictions, d'idées à défendre.
Elle n'est pas plus douce pour autant. Jaurès est un grand orateur parlementaire, mais aussi un militant, un homme qui sait se battre, mener de dures campagnes, affronter les insultes et les coups, les chahuts et jets de pierre des adversaires ou les charges de gendarmerie et de la police. Il se bat en duel, par deux fois, de son fait : voici, de sa part, une pratique tombée légitimement en désuétude ! Mais il respecte les autres, même ses adversaires de duel. D'ailleurs, il refuse de se battre avec ceux qu'il méprise... Car sa bienveillance se fonde sur une exigence mutuelle de dignité. « Ne m'outrage pas qui veut » assène-t-il un jour à un des députés braillards du nationalisme. Lui, qui n'est vraiment pas un maniaque de la répression ou de la vengeance, ne transige pas avec le respect dû aux fonctions électives. Un homme politique qui a failli, « ne fût-ce que par étourderie ou par funeste entraînement de camaraderie ou de clientèle », doit impérativement quitter la vie publique et se consacrer à autre chose. Face aux délits financiers, aux manquements à l'honneur, il n'aurait sans doute pas demandé une peine précise, mais à coup sûr, il aurait réclamé l'inéligibilité.
La patrie et l'Europe (L'Humanité, 28 avril 2014)
Jaurès est patriote et internationaliste, c'est entendu. On a répété à l'envie sa fameuse citation, tirée de L'Armée nouvelle : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène. »
Reconnaissons que cette formule, comme c'est parfois le cas chez Jaurès, est du meilleur effet oratoire dans une intervention ou un article, mais qu'elle ne permet pas par elle-même de comprendre si facilement ce que veut dire son auteur. On saisit qu'il ne s'agit pas d'une simple association rhétorique de deux notions souvent données comme contradictoires, mais on n'est pas forcément plus avancé pour autant. Il faudrait lire en entier la partie concernée de ce décisif chapitre X du volumineux et touffu livre, ce qui n'est pas si pratique. Pour bien comprendre la phrase de Jaurès, il faut la rapprocher de ce que celui-ci indique dès le départ et martèle sans cesse : la loi de l'évolution domine absolument, il faut introduire partout l'idée de mouvement.
Polémiquant avec Marx, le Marx du Manifeste du parti communiste en tout cas, Jaurès récuse une lecture univoque et purement négative des patries, premières formes de groupements humains et premiers cadres d'une solidarité potentielle agissante. De l'Antiquité aux temps modernes, en passant par Jeanne d'Arc sur laquelle il écrit de fort belles pages, il en dégage les aspects positifs, l'idéal tâtonnant mais réel. La lutte des classes ne nie pas les patries, mais les pousse à se transformer, à évoluer, à passer « de la force à la justice, de la compétition à l'amitié, de la guerre à la fédération ». Les patries ne sont pas appelées à disparaître purement et simplement, mais à s'harmoniser, à se coordonner et à s'unir davantage. Il insiste sur deux points, qui me semblent conserver aujourd'hui toute leur pertinence : les niveaux d'organisation sociale, supérieurs et inférieurs, sont solidaires ; le mouvement ne s'interrompt pas. Une nation libre, indépendante et démocratique ne peut s'insérer que dans un ensemble caractérisé par les mêmes données. Une organisation internationale doit apporter plus de démocratie, de droit et de justice, pas moins, sinon elle se contredit et se condamne à l'impuissance.
Jaurès, osons le parier, aurait été passionné par la construction européenne. Il n'aurait pas transigé sur son caractère démocratique et il ne l'aurait pas voulue non plus transformée en citadelle assiégée, mais insérée dans un projet de démocratie et de paix à vocation universelle.
Jaurès, un laïque du XXIe siècle (L'Humanité, 5 mai 2014)
Jaurès est un des principaux artisans de la loi de Séparation des Églises et de l'État, promulguée en 1905. C'est un des piliers de notre République, qui, rappelons-le en ces temps de doute et de reflux, se définit comme « République indivisible, laïque, démocratique et sociale » depuis la Libération. Les principes de la loi sont simples et il ne faut pas se lasser de les répéter : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes [à quelques restrictions près sur l'ordre public] (article 1). La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte (article 2) ». La suite est affaire de circonstances, de dispositions transitoires, de précisions...
En toutes choses, Jaurès est adepte d'une « large politique ». Il ne pense jamais « étroit ». Sa définition de la laïcité est acceptable par tous. Il l'identifie à la démocratie, à l'égalité des droits pour tous les citoyens quelles que soient leurs origines ou appartenances religieuses. Tout en découle. Les droits sont universels et s'appliquent à l'accès aux services publics, à la cantine comme à l'école ou autre chose. Cela ne donne peut-être pas toutes les applications pratiques, mais cela fournit l'orientation générale. D'autant que Jaurès précise : le secret de la paix n'est pas dans les équivoques, les capitulations, mais « dans la pleine et entière affirmation des doctrines de tous sous le droit commun d'une liberté incontestée ». La liberté constitue le meilleur contre-poison du dogmatisme, il le contraint à s'adapter ou à se dessécher. Il faut trouver des solutions qui évitent le cloisonnement comme la séparation, mais permettent de vivre dans une liberté commune.
Jaurès respecte les croyances religieuses. Il a les siennes, qui ne se rattachent à aucune église, à aucun dogme, qu'il a parfois exposées, surtout dans sa jeunesse. Il respecte le christianisme de sa mère ou de son épouse. Il accepte la communion de sa fille ou d'être le parrain de sa nièce. Il assiste parfois aux offices, pour l'enterrement d'un parent ou d'un ami, voire par curiosité ou intérêt humain. Il s'agit d'événements privés. Personne ne peut l'imaginer représenter la République à une manifestation religieuse d'une confession ou d'une autre. Ce n'est pas réservé à son époque : le général de Gaulle, catholique fervent, mais président de la République, se voulant gardien de la Constitution, s'abstient de communier publiquement. C'est tout simple. Même le pape Jean-Paul II l'avait bien compris : « Le principe de laïcité (…) rappelle la nécessité d’une juste séparation des pouvoirs » (Lettre aux évêques de France, 11 février 2005).
Jaurès et les retraites (L'Humanité, 12 mai 2014)
L'instauration d'un régime de retraite pour les salariés de l'industrie et de l'agriculture est un des combats poursuivis par Jaurès tout au long de sa vie. À l'origine cette réforme appartient plus au programme républicain issu de la Révolution française qu'aux revendications ouvrières car elle semble relever d'un avenir trop lointain. Il faut au demeurant attendre plusieurs décennies avant qu'intervienne un commencement de réalisation. La République bourgeoise hésite. La loi va coûter cher, elle suppose des cotisations des ouvriers et des employeurs, voire une aide de l'État. Et puis elle est d'un mauvais exemple. Un économiste libéral, Léonce de Lavergne, a prévenu : « Quand on est engagé dans cette voie, il n’y a plus de borne. On tombe peu à peu dans le communisme ! »
Une loi encore très modeste et timide, votée en 1906 par la Chambre des députés, amoindrie par le Sénat, est adoptée en 1910. Le Sénat a imposé de reporter l'âge de départ à 65 ans au lieu de 60 ans. Libéraux de droite, mais aussi du centre et de la gauche modérée, défenseurs de l'industrie et du commerce, font valoir les intérêts économiques du pays dans la concurrence internationale, le poids sur les comptes publics. Pourtant à l'époque, moins d'un tiers des ouvriers atteint l'âge de 60 ans et la moitié d'entre eux disparaît avant 65 ans : Paul Lafargue, gendre de Marx, dénonce « la retraite pour les morts ». Les pensions prévues, minimes, ne peuvent constituer qu'un appoint pour le vieux travailleur.
Malgré cela, et même si la majorité de la CGT adopte une position négative, Jaurès combat résolument en faveur du vote de la loi par les socialistes. Avec Édouard Vaillant, l'ancien communard, il veut poser le principe de la triple cotisation (ouvrière et patronale avec un soutien de l'État), ouvrir une brèche dans le droit bourgeois qui fasse admettre que l'assistance ne suffit plus, qu'il faut une assurance sociale contre les risques de chômage, maladie, accident, infirmité et vieillesse, une gestion ouvrière des caisses de retraite et reconnaître l'émergence du salaire indirect, élément de socialisation. Jaurès trouve même en 1912 une majorité avec le radical-socialiste Léon Bourgeois pour avancer à 60 ans l'âge possible de la retraite. La guerre hélas balaie tout cela.
Son orientation fondamentale était d'ouvrir des droits, à portée universelle, afin d'apporter plus de sécurité aux citoyens et aux travailleurs. Un choix de civilisation à l'inverse de ce que préconisent aujourd'hui les néo-libéraux, si influents dans les milieux dirigeants.
© Gilles Candar
Le 31 juillet dernier, la Société d’études jaurésiennes a participé aux cérémonies du centenaire de la disparition de Jean Jaurès. Le matin, plusieurs membres de la SEJ se sont rassemblés au Café du croissant, sur les lieux même de l’assassinat du grand socialiste, afin d’honorer sa mémoire. Dans un second temps, une délégation s’est rendue au Panthéon. Vincent Duclert, co-auteur avec Gilles Candar de la biographie de Jaurès parue aux éditions Fayard et commissaire de l’exposition « Jaurès contemporain », a prononcé une allocution. Voici le texte de son intervention, un des temps forts de cette journée de mémoire :
(photo: droits réservés)
31 juillet 1914 – 31 juillet 2014
Au Panthéon,
sur la tombe de Jaurès
jeudi 31 juillet, 13 heures
Monsieur l’administrateur du Panthéon, Monsieur le directeur du département histoire de la Fondation Jean-Jaurès, Monsieur le président de la Société d’études jaurésiennes, Mesdames et Messieurs les membres du conseil d’administration, chères et chers amis,
Assassinant Jean Jaurès de deux balles de revolver le soir du 31 juillet 1914 au café du Croissant, Raoul Villain pensait débarrasser la France d’un « traître » comme il s’en expliqua aussitôt. Contre cette croyance fanatique et le recours à l’assassinat comme pratique politique, l’acte de Villain a déclenché une révolte pacifique dont l’un des effets a été, incontestablement, le transfert de ses cendres au Panthéon, là où reposent les gloires nationales, un jour de novembre 1924, au milieu des brumes d’automne et de la rumeur du défilé communiste protestant contre la récupération de Jaurès par le Cartel des Gauches.
Une telle révolte on le sait n’a empêché que le XXe siècle pousse à des extrémités terrifiantes le temps des assassins. Du moins le nom de Jaurès a évoqué pour ceux qui le prononçaient un temps de paix, d’humanité, d’engagement pour des sociétés d’égalité, de solidarité pour les emmurés vivants. Il suffisait de penser à ses combats, nombreux, pour donner un sens de justice, de vérité, à de telles évocations. Les héritiers ont parfois travesti les valeurs jaurésiennes dont ils se réclamaient si éloquemment. Mais le nom de Jaurès est resté l’un de ceux qui, dans le monde, a fait résonner de l’espoir, dans la voix des leaders comme chez les plus humbles.
La mémoire de Jaurès ramenait sur l’horizon des possibles un socialisme humain quand le léninisme, le stalinisme, le maoïsme en exhibaient des caricatures édifiantes. Elle ranimait la voie démocratique et sociale de la République quand celle-ci s’abandonnait à la violence, à l’oppression des plus faibles, à la répression des libertés. Elle soutenait l’engagement des intellectuels pour la survie des innocents, la dignité des victimes, pour la lumière sur les tyrannies. Elle signifiait qu’aucun progrès politique n’était réel sans une conscience aigue de la question sociale et une volonté sans faille de la résoudre. La mémoire de Jaurès a permis que la nation ne soit pas un enfermement, que la patrie agisse pour la paix, que le monde soit une valeur et non l’objet de toutes les convoitises. Elle a maintenu une idée de la morale dans la politique, un désintéressement dans le pouvoir, une recherche de vérité et la force de la dire. Elle a déterminé des historiens et des historiennes à écrire l’histoire de Jaurès, à réunir ses écrits, à vouloir comprendre sa pensée et son action, cette postérité considérable qui a suivi sa mort. Sa mémoire a inspiré des essais et des plaidoyers, elle a accompagné des projets et des programmes, elle a entraîné des baptêmes de fondation ou de section de parti. Approchant des « années Jaurès », le cent-cinquantenaire de sa naissance, le centenaire de sa mort, elle s’est exprimée dans de nombreuses initiatives, des hommages solennels ou populaires, des discours et des reconnaissances.
Cette immensité de la mémoire de Jaurès n’a pas signifié pour autant qu’elle ne fut pas et qu’elle ne reste pas disputée. L’étendue des registres d’action et de pensée de Jaurès a pu suggérer plusieurs Jaurès, lesquels allaient permettre aux partis de gauche de se distinguer les uns des autres et même d’amener la droite républicaine à s’y intéresser. En période de recherche d’unité de la gauche, cette multiplicité jaurésienne est essentielle pour construire de la synthèse. En période de désaccord, elle vient opposer les familles politiques se déchirant pour le précieux héritage. Du révolutionnaire au républicain, de l’internationaliste au patriote, de l’apôtre pacifiste au théoricien de la défense, de l’homme de parti à l’intellectuel critique, du théoricien à l’historien philosophe, il y a de nombreux Jaurès. Les mémoires militantes légitimement se nourrissent de ces figures plurielles. Pourtant, et c’est là l’importance de l’homme, il y a une unité jaurésienne qui repose sur quelques principes d’action et de pensée, le premier d’entre eux les liant précisément l’action et la pensée, indissolublement.
La question sociale que l’on ne doit jamais refuser et toujours tenter de comprendre, de résoudre.
La justice qu’il a défendue en toute occasion, la justice contre l’arbitraire des jugements et l’injustice sociale.
La vérité qu’il a tenue comme une morale politique et qui le définissait comme intellectuel, comme historien, comme philosophe.
La République qu’il n’a jamais abandonnée, à laquelle il a consacré plusieurs de ses plus grands combats.
Le courage précisément de combattre, de s’engager dans des luttes périlleuses dont la nécessité lui apparaissait si impérieuse : la solidarité pour les mineurs de Carmaux et les morts de Fourmies, de Courrières, de Villeneuve-Saint-Georges, la révolte contre la misère ouvrière et paysanne, la honte devant l’égoïsme de classe et la corruption des élites, la défense des Arméniens décimés dans l’empire ottoman, l’engagement pour le capitaine Dreyfus déporté à l’île du Diable, la dénonciation des massacres coloniaux. Enfin, le combat contre la guerre générale dont il avait compris, en historien philosophe, qu’elle allait détruire les sociétés et projeter les Etats dans la démesure de la violence.
Ces combats où Jaurès sut mobiliser toutes ses ressources intellectuelles, politiques, personnelles, où il sut rassembler autour de lui des collectivités nombreuses en firent, même avant son assassinat, un personnage de légende. Une mythologie jaurésienne était née. Elle donna à sa mémoire posthume, brusquement convoquée le 31 juillet 19914, une puissance sans équivalent. Ce courage qu’on lui reconnaissait enseignait aux personnes, aux citoyens, aux invisibles des sociétés qu’eux-mêmes pouvaient s’engager, qu’ils ne devaient jamais accepter, pour eux-mêmes comme pour les autres, l’injustice, la violence et la domination. Jaurès et plus tard son souvenir vivant ont permis que la politique pénètre la société et change jusqu’à ceux qui en étaient exclus. Il fait aimer la politique et l’a ouverte au monde. Il en a défini la dignité et la gloire, faites de l’héroïsme des valeurs de raison et de vérité qu’il salue dans son éloge de Francis de Pressensé à ses obsèques à Paris, le 22 janvier 1914. Contre le monstre de la guerre et sa culture de mort, Jaurès a opposé la force et le courage de l’engagement pour la liberté.
C’est le sens des combats jaurésiens qui est rappelé ici, à côté des cendres de Victor Schœlcher, d’Emile Zola, de Jean Moulin, et bientôt celles de Pierre Brossolette, de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, de Germaine Tillion, de Jean Zay. Jaurès au Panthéon éveille la vocation civique du monument. La liberté s’éclaire des ombres de l’histoire. C’est cette flamme que nous ranimons ici, en ce jour anniversaire de l’assassinat de Jaurès, et par l’œuvre de connaissance que poursuit depuis ses premières armes la Société d’études jaurésiennes et qu’éclaire aujourd’hui l’exposition présentée dans la nef pour le centenaire de 1914.
Vincent Duclert
Membre du conseil d’administration
Commissaire de l’exposition du Panthéon « Jaurès contemporain, 1914-2014 »
La Société d’études jaurésiennes se réunira le 31 juillet 2014 au Café du Croissant à 8h15.
Les participants sont invités à se munir d’une rose qui sera déposée devant la plaque de la LDH, à l’endroit où Jaurès a été assassiné.
Gilles Candar prononcera à cette occasion une allocution.
Au même endroit, plusieurs hommages seront rendus à Jaurès par la suite :
A 9H30 hommage du président de la République François Hollande à Jaurès.
A 9 h 45/10 h cérémonie de la municipalité de Paris et dépôt de gerbe.
A 11 h rendez-vous de L'Humanité avec allocution de Patrick Le Hyaric et dépôt de gerbe.
A 11 h 45 rendez-vous du PS avec allocution de Jean-Christophe Cambadélis et dépôt de gerbe.
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La radio RFI consacre une émission sur l’assassinat de Jaurès au Café à partir de 7 heures, avec Gilles Candar et Jacqueline Lalouette.
D’autres initiatives et célébrations auront lieu tout au long de la journée.
Une délégation de la Société d'études jaurésiennes se rendra également au Panthéon à 13h: dépôt de
fleurs et allocutions de Philippe Bélaval, président du Centre des monumentss nationaux et de Vincent
Duclert, commissaire de l'exposition " Jaurès contemporain" pour la SEJ.
Nous vous attendons nombreux pour rendre hommage à Jaurès à cette occasion.
Conférences dans le cadre de l’exposition au Panthéon « Jaurès contemporain, 1914-2014 »
L’exposition « Jaurès contemporain, 1914-2014 » se déroule au Panthéon, du 26 juin au 11 novembre 2014. Présentée par l’historien Vincent Duclert, elle revient sur l’histoire de Jaurès et sur son influence jusqu’à nos jours. Un cycle de conférences accompagne l’exposition :
Le programme : de 16h45 à 18h, dans la bibliothèque Jean Jaurès du Panthéon
6 juillet Les combats de Jaurès ( Gérard Lindeperg)
8 juillet Jaurès et les droits de l’Homme (Emmanuel Naquet)
10 juillet Jaurès républicain (Vincent Duclert)
12 juillet Jaurès contre la guerre : images d’un combat héroïque (Eric Lafon et Frédéric Cépède)
16 juillet Jaurès Journaliste ( Marie Aynié)
18 juillet Jaurès socialiste ( Emmanuel Jousse)
20 juillet Jaurès militant ( Benoît Kermoal)
22 juillet Jaurès et le monde ( Gilles Candar)
24 juillet Jaurès et la question sociale ( Marion Fontaine)
26 juillet Jaurès et la culture ( Paul Marcus)
28 juillet Jaurès et la colonisation ( Gilles Manceron)
30 juillet Jaurès assassiné (Jacqueline Lalouette)
Jean Jaurès et le Midi socialiste
Jean Jaurès, journaliste, citoyen adoptif de Toulouse, a activement collaboré au « Midi socialiste » de 1908 à 1914. Il écrit plus encore pour « La Dépêche » dont le lectorat était bien plus large (215 000 exemplaires contre 6000 pour le Midi socialiste en 1914).
Durant cette année 2014, qui commémore le centenaire de la mort de Jean Jaurès, la bibliothèque de Toulouse a travaillé sur le corpus de ses articles du « Midi socialiste ». Les éditoriaux et les chroniques de Jaurès soutiennent les thèses et les propositions de lois des députés socialistes à la Chambre des députés.
On peut y lire, entre autres, l'inquiétude de Jean Jaurès face aux événements extérieurs, comme l'affaire marocaine qui annonce une dégradation des relations internationales. Pendant cette période d'avant-guerre, Jaurès exprime ses craintes, pour mieux préserver la paix. Il s'élève contre la course aux armements et les ambitions des gouvernements avides de domination. Autre sujet récurrent chez Jean Jaurès : son opposition à la loi des 3 ans, qui prolonge la durée du service militaire, et qui porte en elle la préparation d'une guerre contre l'Allemagne.
Parution : "Le discours des deux méthodes"
Les éditions le passager clandestin publient « Discours des deux méthodes » de Jean Jaurès et Jules Guesde avec une préface de l’historien Jean-Numa Ducange, membre de la société d’études jaurésiennes et du comité de rédaction des Cahiers Jaurès. Cet ouvrage reprend les discours des deux grands socialistes qu’ils ont prononcés lors d’une réunion publique en 1900. Les divergences, mais aussi les accords, entre Jaurès et Guesde sont clairement énoncés. La publication est complétée par un article de Rosa Luxembourg « Une question de tactique ».
→ pour en savoir plus sur cette publication(PDF)
→ Le site des éditions le passager clandestin
Jaurès en Avignon, du 9 au 26 juillet 2014
A l’initiative de la Ligue des droits de l’Homme, de la Société d’études jaurésiennes, de la fondation Jean-Jaurès et de la mairie d’Avignon, plusieurs rencontres et débats auront lieu durant le mois de juillet en Avignon.
De nombreux historiens évoqueront la figure de Jean Jaurès, aussi bien sous l’angle de l’histoire du socialisme, de la colonisation ou encore du pacifisme. Deux expositions seront en outre présentées, l’une à la bibliothèque municipale Ceccano, l’autre à l’Hôtel de ville. Enfin, plusieurs spectacles sur Jaurès sont également présentés durant tout le mois.
Rencontre " Jean Jaurès et le syndicalisme, une pensée et une action sociale"
L’institut d’Histoire sociale de la CGT accueille,en coopération avec l'Humanité, le mardi 17 juin 2014, une journée sur le thème “Jean Jaurès et le syndicalisme, une pensée et une action sociale”. Plusieurs historiens de la Société d'études jaurésiennes y participent.
Le programme :
9h - Accueil puis introduction par Elyane Bressol de l’Institut CGT d’Histoire sociale
9h30-11h - Conférences successives des historiens Jean-Numa Ducange, Alain Boscus et Gilles Candar
11h - Rencontre avec Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT et Patrick Le Hayric, directeur de l’Humanité sur l’actualité sociale avec Jean Jaurès.
Le lieu : IHS CGT, 263 rue de Paris, 93516 Montreuil
Création de Pierrette Dupoyet : « Jaurès, assassiné 2 fois ! »
Présentation de la pièce
« 31 juillet 1914, Jean Jaurès est assassiné...Trois jours plus tard, la guerre éclate. Le pacifisme de Jaurès est balayé. Grâce à sa femme Louise, nous revivons les discours enflammés de ce formidable tribun, son courage, ses espérances dans le progrès de l’Humanité mais aussi sa générosité au quotidien. »
Spectacle soutenu par la Ligue des droits de l’Homme.
Le spectacle théâtral de Pierrette Dupoyet « Jaurès, assassiné 2 fois » est présenté en tournée durant tout l’été. Le calendrier des représentations est disponible. La pièce est également présentée au festival d’Avigon, du 5 au 27 juillet.
"Ainsi nous parle Jean Jaurès" Marion Fontaine
Marion Fontaine, secrétaire de la Société d’études jaurésiennes et maître de conférences à l’université d’Avignon publie une anthologie des textes de Jaurès.
Intitulé « Ainsi nous parle Jean Jaurès », le livre se divise en quatre parties ( Le politique : république et socialisme ; Saisir un monde nouveau ; Culture et éducation ; Face au vaste monde : internationalisme, guerre et colonialisme) et chaque extrait ( conférence, débat parlementaire, article de presse, etc.) est contextualisé et présenté. On y retrouve des discours qui sont devenus des classiques (« Pour la laïque », « Discours à la jeunesse » etc.) mais aussi de nombreux documents moins connus. Comme l’explique la 4ème de couverture « ce livre entend montrer que la réflexion jaurésienne est, plus que jamais, d’une brûlante actualité ! »
« Ainsi nous parle Jean Jaurès » est une co-édition des éditions Fayard, dans la collection de poche « Pluriel », et de la Fondation Jean-Jaurès.
Rencontre d’étude: Jean Jaurès et Francis de Pressensé, samedi 10 mai 2014
Le groupe de travail « Mémoire, histoire, archives » de la LDH, la Société d’études jaurésiennes et la Société d’histoire du protestantisme français organise une rencontre d’étude le samedi 10 mai 2014, de 13h30 à 18h, au siège de la LDH, salle Alfred-Dreyfus, 138, rue Marcaret 75018 Paris (Métro Lamarck-Caulaincourt.
Le thème de la rencontre sera : Jaurès et Pressensé , à l’occasion du centenaire de leur disparition. Plusieurs interventions montreront les multiples facettes des deux hommes, de l’Affaire Dreyfus à la naissance de la LDH, de la lutte pour la paix à la défense des droits de l’homme.
Aux adhérents de la Société d’études jaurésiennes
ASSEMBLEE GENERALE SAMEDI 17 MAI 2014
L’assemblée générale de la Société d’études jaurésiennes se tiendra le
samedi 17 mai 2014
à l’EHESS, 105 boulevard Raspail, amphithéâtre François Furet,
à 10 heures précises
Ordre du jour :
Rapport moral par Gilles Candar et Marion Fontaine
Rapport financier par Amaury Catel
Les Cahiers Jaurès par Alain Chatriot
Le site www.jaures.info par Marion Fontaine et Benoît Kermoal
Conférence Jaurès : Perspectives et premier bilan d'un centenaire, par Gilles Candar
L’assemblée générale se conclura par le traditionnel déjeuner des jaurésiens brasserie Chez Fernand, 127 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris (10 à 15 mn à pied du 105 bd Raspail) à 13 heures (inscription sur le bulletin joint à adresser à Amaury Catel, 48 rue Thiers, 84 000 Avignon, pour le 15 mai 2014 au plus tard).
« Histoire socialiste de la Révolution française » de Jean Jaurès
Le chef d’œuvre de Jean Jaurès « Histoire socialiste de la Révolution française » sera republié à la mi-juillet 2014. Quatre volumes reprenant l’édition d’Albert Soboul, mais aussi deux nouvelles préfaces, l’une de Jean-Numa Ducange, membre du conseil d’administration de la Société d’études jaurésiennes, l’autre de Michel Biard, historien de la Révolution française. Celles-ci font le point sur les recherches sur Jaurès et la Révolution depuis les années 1970.
Les éditions sociales proposent dès à présent une souscription à un tarif préférentiel pour une réception de la collection des quatre volumes dès la mi-juillet. L’ « Histoire socialiste de la Révolution française » est une des plus importantes histoires des événements révolutionnaires jamais écrites. Cette édition scientifique, parue pour la première fois à la fin des années 1960, était depuis épuisée. On y trouve également une introduction substantielle d’Ernest Labrousse et de Madeleine Rebérioux.
voir les détails sur le site des éditions socialesLe site de France Culture propose depuis le début de la semaine un webreportage radio sur “Jaurès, pensée et postérité”
Le dispositif et les thèmes
Le webdocumentaire, qui est un support multimédia, est composé de quatre parties, la première étant une chronologie de la vie de Jean Jaurès. Dans la seconde partie « Jaurès aujourd'hui », plusieurs responsables politiques actuels sont interrogés et l’historienne Marion Fontaine, secrétaire de la Société d’études jaurésiennes fait le point sur les usages politiques de Jaurès dans les cultures politiques actuelles.
La pensée politique du leader socialiste est au cœur de la très riche troisième partie de ce webdoc, avec des interventions sur la philosophie politique de Jaurès, l’importance de la justice sociale, du pacifisme, la laïcité et l’éducation.
La dernière partie fournit une bibliographie des travaux sur Jaurès, une sitographie et mentionne l’exposition aux Archives nationales.
Les participants
Hélène Combis-Schlumberger est la réalisatrice de ce documentaire multimédia disponible sur le site Internet de France Culture, et plusieurs membres de la Société d’études jaurésiennes y ont participé : on retrouve en effet des entretiens avec Gilles Candar, président de la SEJ à propos de la laïcité, de l’éducation et de l’internationalisme, mais aussi avec Bruno Antonini, philosophe et spécialiste de la pensée de Jaurès, ainsi que Vincent Duclert qui revient sur l’importance de la justice et du pacifisme dans l’univers jaurésien. Marion Fontaine fait également le parallèle entre le monde politique du temps de Jaurès et la situation actuelle.
Ce webdocumentaire radio dévoile la pensée et la postérité de Jaurès selon un dispositif multimédia particulièrement attractif. C’est un excellent outil en particulier pour le public scolaire qui y découvrira les aspects majeurs de la pensée du grand tribun socialiste. Mais tout le monde trouvera un grand profit à visionner et à écouter ce webdoc innovant sur Jaurès.
« Rallumer tous les soleils : Jaurès ou la nécessité de combat »
La compagnie Aigle de sable propose un spectacle sur Jaurès intitulé « Rallumer tous les soleils : Jaurès et la nécessité de combat »
Texte : Jérôme Pellissier
Mise en scène : Milena Vlach assistée d’ Eleonora Rossi
La première des lectures permettant de connaître ce spectacle aura lieu le vendredi 21 mars 2014 à 20h30 à l’espace Confluences (Paris 20ème). D’autres lectures sont prévues au printemps (l’actu du spectacle)
Présentation de la pièce par l’auteur
« Rallumer tous les soleils nous plonge dans la vie de Jean Jaurès, dont nous suivons ici les combats, au long du siècle, depuis l’Affaire Dreyfus jusqu’au premier mois de la guerre de 1914, qui éclate au lendemain de son assassinat. Des combats incarnés par des personnes, portés par des amitiés, assombris par des trahisons. Ainsi l’engagement de Jaurès dans l’Affaire Dreyfus est-il inséparable de sa relation avec Charles Péguy, jeune écrivain d’abord aussi socialiste et pacifiste que lui mais qui deviendra, au fil des événements, l’un des porte-paroles de la haine nationaliste envers Jaurès et le socialisme qu’il incarnait. Les combats de Jaurès nous mènent aussi, par moments, à la Chambre des députés ou dans des meetings ouvriers. Mais c’est à l’Humanité, qu’il fonde en 1904, que nous retrouvons surtout Jaurès préparant ses actions. Secondé par Ève Jouard, journaliste féministe, qui partage également avec lui une forte affection pour un jeune vendeur de journaux, qu’ils surnomment « le Gavroche ». Ce « gamin de Paris, maître de la rue, permet aussi par ses chansons et ses boniments de camelots de marquer la chronologie des événements et de faire ressentir l’atmosphère de l’époque. Nous suivons donc les relations croisées et les destins tragiques de ces personnages jusqu’à l’échec des combattants de la paix, jusqu’aux événements de l’été 1914. »
Le site « Rallumer tous les soleils »
La pièce s’accompagne d’un très riche site (Rallumer tous les soleils) où l’on retrouve le calendrier des représentations mais aussi des extraits de la pièce et de très nombreuses informations complémentaires sur Jaurès (textes du leader socialiste, présentation biographique, ressources pédagogiques, etc.) Le site est très pratique et d’une utilisation aisée, tout en étant régulièrement complété.
Une initiative à suivre en attendant la création du spectacle qui aura lieu le 31 juillet 2014 !
Exposition Jaurès
Archives nationales, hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris
Du 5 mars au 2 juin 2014
Du lundi au vendredi (10h-17h30), samedi et dimanche ( 14h-17h30)
À l’occasion du centième anniversaire de la mort de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, les Archives nationales et la Fondation Jean-Jaurès lui consacrent une exposition de grande envergure. Les commissaires de l’exposition sont :
Magali Lacousse, conversateur en chef du patrimoine, Archives nationales
Romain Ducoulombier, agrégé d’histoire, post-doctorant à l’université de Dijon, auteur de « Camarades ! La naissance du parti communiste français », Paris, Perrin, 2010
Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes et récemment co-auteur d’une biographie sur Jaurès avec Vincent Duclert ( Fayard, 2014)
Présentation
Derrière la figure du tribun socialiste, apôtre de la paix et de la liberté, l’homme privé reste encore peu connu. L’exposition retrace les grandes étapes de la vie et du rôle de Jean Jaurès en exposant des lettres, des manuscrits d’articles, des photographies, des affiches, des tableaux, etc. De sa naissance en 1859 à son tragique assassinat à la veille du premier conflit mondial, l’existence de Jaurès a connu une trajectoire singulière qui éclaire tout un pan de l’histoire politique, culturelle et intellectuelle de la France.
L’exposition s’accompagne d’un catalogue « Jaurès, une vie pour l’humanité » (catalogue)
Il y a par ailleurs un cycle de conférences en lien avec l'exposition (programme)
Colloque international « 1914, l’Internationale et les internationalismes face à la guerre »
Paris, 24 – 25 mars 2014
Salle des ventes du Crédit municipal
Colloque international organisé par la Société d’études jaurésiennes
Présentation
L’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914 sonne le glas de la Deuxième Internationale en même temps que celui de la paix. Les deux centenaires de l’assassinat et de la guerre, chronologiquement liés, conduisent à faire de la mort du tribun la catastrophe scellant la défaite de l’Internationale. Pourtant, une autre approche de ce moment, plus attentive à la permanence d’un esprit internationaliste à l’âge des Etats-nations, peut être suggérée. On n’oubliera pas que 2014 n’entre pas seulement en résonance avec ces événements, mais aussi avec la fondation de l’Association Internationale des Travailleurs à Londres le 28 septembre 1864.
La Société d’études jaurésiennes entend ainsi reprendre la question de l’Internationalisme ouvrier, de 1864 à 1914, en organisant un colloque en mars 2014. Ce projet s’inscrit dans une dynamique historiographique à laquelle participent les Cahiers Jaurès qui publieront les actes de ces journées.
Programme
Colloque international organisé par la Société d'études jaurésiennes
Entrée libre dans la limite des places disponibles, sous réserve d'inscription
Lundi 3 mars sur France Inter, à 13h30 dans l’émission « La marche de l’histoire » présentée par Jean Lebrun, Vincent Duclert co-auteur avec Gilles Candar d’une récente biographie sur Jean Jaurès, reviendra sur l’action de Jaurès contre la guerre et sur ses analyses concernant les conflits de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
Extraits du texte de présentation de l’émission : « Jusqu'au dernier moment, jusqu'au soir du 31 juillet où il fut assassiné, il joua néanmoins son rôle à sa place, en appelant à tous les registres de la raison alors que roulaient les dés de la fureur. »
L’émission est disponible ensuite en podcast pendant 1 000 jours sur le site de l’émission.
Informations complémentaires sur le site France Inter
Colloque international coorganisé par l'Université Paris-Est Créteil (CRHEC), l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée (ACP) et l'Institut historique allemand.
Jean Jaurès, Défense républicaine et participation ministérielle, tome 8 des Œuvres. Édition établie par Maurice Agulhon et Jean-François Chanet, Paris, Fayard, septembre 2013, 655 p.
par Vincent Duclert
Jean Jaurès est mort à la veille de la Première Guerre mondiale, assassiné à cause de son combat pour la paix. Première victime d’une violence guerrière qui dépassa ce que l’humanité avait connu de plus terrible jusque-là, il fut un grand penseur de la guerre au XXe siècle.
Coll. Les Essais, Fondation Jean Jaurès
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Assassiné en 1914, Jean Jaurès est resté jusqu’à nos jours la figure emblématique du socialisme français. Cet ouvrage collectif, dirigé par Gérard Lindeperg, vice-président de la Fondation Jean-Jaurès, revient sur les liens qui ont existé entre le député de Carmaux et le département de la Loire.
Après une vie faite d’engagements au service de la République et des Droits de l’Homme, Jaurès a été assassiné le 31 juillet 1914. Malgré son long combat pour empêcher la guerre, l’Europe bascule deux jours plus tard dans le premier conflit mondial dont le grand tribun avait redouté la violence et les horreurs. Jaurès devient alors « l’apôtre » et le « martyr de la paix ».La justice sociale a également été au cœur de son action et c’est à ce titre qu’il est intervenu à plusieurs reprises à l’appel des ouvriers de la Loire, département qui fut l’un des foyers de l’industrialisation de la France.
Après sa mort brutale, les violentes attaques dont il a été la victime ont cessé et les critiques se sont tues. Depuis un siècle, il n’a cessé d’être honoré, statufié, encensé… pas toujours sans arrière-pensées.
A l’occasion du centenaire de sa mort, veillons à ne pas en faire une momie. Sachons lui enlever les bandelettes dont on l’a affublé au fil du temps pour le retrouver vivant, dans l’action, sur le terrain, au milieu des mineurs de Saint-Etienne, des verriers de Rive-de-Gier, des tisseurs de Roanne.
Sachons l’écouter lorsqu’il rencontre Aristide Briand, Michel Rondet, Jules Ledin ou qu’il s’exprime dans la revue de Benoît Malon. N’en doutons pas, le message de Jean Jaurès demeure très actuel et sa pensée doit continuer à nous inspirer.
Avec les contributions de Christophe Bellon, Gilles Candar, Claude Latta, Gérard Lindeperg, Jean-Philippe Madani, Denyse Riche, Jean-Michel Steiner, Christophe Tillière, Michel Winock.
La Société d'études jaurésiennes dispose désormais, grâce à Benoît Kermoal, d'un nouvel outil, en l'occurrence le compte twitter de la SEJ.
Suivez-nous à partir de la page d'accueil du site internet ou à l'adresse suivante :
Tout au long de sa vie, Jean Jaurès a consacré sa formidable énergie au maintien des conditions de la paix – paix entre les peuples et paix sociale – constante préoccupation de la Gauche. Son assassinat le 31 juillet 1914, marque le début de la Grande Guerre, dont nous commémorerons l’an prochain le centenaire.
Histoire(s)du Pays de Jaurès présente un spectacle-événement, « Jaurès, une voix pour la paix », qui donne à voir, à partir de la tragédie de 1914-1918, l’actualité du message de Jaurès, sur la guerre et sur les causes des conflits qui conduisent parfois à l’affrontement : nationalismes, racisme, exploitation du travail, rivalités économiques…. On y trouvera une évocation de son action inlassable pour la dignité humaine, pour la paix et pour une Europe unifiée.
Les 10 premières représentations de « Jaurès, une voix pour la paix » auront lieu du 8 au 15 octobre 2013, dans la salle François Mitterrand, ancienne salle de la Verrerie de Carmaux, lieu emblématique des combats de Jean Jaurès il y a un siècle.
Société d’études jaurésiennes
ASSEMBLEE GENERALE SAMEDI 23 MARS 2013
L’assemblée générale de la Société d’études jaurésiennes se tiendra le
samedi 23 mars 2013
à l’EHESS, 96 boulevard Raspail, salle Lombard,
(en face de l'immeuble où s'est tenue l'AG de 2012)
rez-de-chaussée, à droite sous la voûte
à 10 heures précises
Ordre du jour :
Rapport moral par Gilles Candar et Marion Fontaine
Rapport financier par Amaury Catel
Les Cahiers Jaurès par Alain Chatriot
Le site www.jaures.info par Marion Fontaine
Élections au conseil d'administration
Conférence Jaurès : Enquêter sur la corruption : Jaurès et la commission Rochette (1910-1914), par Frédéric Monier, professeur d’histoire contemporaine à l’Université d'Avignon et des pays de Vaucluse.
L’assemblée générale se conclura par le traditionnel déjeuner des jaurésiens brasserie Chez Fernand, 127 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris (12 mn à pied du 96 bd Raspail) à partir de 13 heures 15 (inscription sur le bulletin joint à adresser à Gilles Candar, 4 rue Toussaint-Feron, 75 013 Paris, pour le 20 mars 2013 au plus tard).
Livre en vente chez les libraires de Castres, dans certains point presse et certains supermarchés de notre ville au prix de 10 €.
On peut aussi le commander auprès de l’éditeur, l’Amicale laïque de Castres (+ 3€ pour participation aux frais de port), 11 rue Mathieu Estadieu, 81100 Castres.
LES DEFENSEURS DE LA PAIX 1899-1917
COLLOQUE INTERNATIONAL
PARIS 15-16-17 JANVIER 2014
APPEL A COMMUNICATIONS
A l'aube du centenaire de la première guerre mondiale, l’Université Paris-Est et l’Institut historique allemand proposent de réfléchir sur l'écroulement de la paix et sur l'échec de ceux qui ont voulu empêcher l'éclatement d'une grande guerre européenne, ou ont cherché à en interrompre le cours. Les limites chronologiques indiquent que nous entendons prendre en considération les premières années du XXe siècle (à partir de 1899, année de la première conférence de La Haye), celles de « l'avant-guerre », mais aussi les années de guerre elles-même, ce qui nous permettra d'étudier les actions en faveur de la paix menées parmi les neutres ou belligérants tardifs (Italie, Etats-Unis etc.), comme parmi les pacifistes ou partisans d'une paix négociée au sein des belligérants. En prenant comme limite chronologique l'année 1917 nous entendons insister sur le retour en force des revendications de paix, sur la dimension révolutionnaire qu'elles prennent en Russie, sur la façon dont elles se manifestent au sein de tous les pays et de tous les peuples au cours de cette année de crise. En même temps, avec l'entrée en guerre des Etats-Unis, l'échec de la conférence de Stockholm, le raidissement des gouvernements des deux camps, l'année 1917 clôt les derniers espoirs de retour à la paix par la négociation et sonne le glas de l'Europe et du monde d'avant 1914.
Nous voudrions dans ce colloque faire le point des travaux menés sur le pacifisme juridique, les tentatives de résolution pacifique des conflits par l'arbitrage, le développement du droit international, tentatives menées tant au niveau politique (conférences de la Haye, Union interparlementaire etc.) qu'au niveau de sociétés militantes (sociétés de paix, Bureau international permanent de la paix), d'organisations et initiatives non gouvernementales (Prix Nobel de la paix, fondation Carnegie etc). Il s'agirait également de poursuivre les travaux consacrés aux animateurs de la deuxième Internationale et aux idées et initiatives de paix impulsées par les leaders et militants ouvriers. On retrouverait certains des mêmes acteurs pendant la guerre mais aussi des acteurs nouveaux (syndicalistes, femmes, révoltés, objecteurs de conscience), et des tentatives même avortées mais significatives (conférence de Stockholm, appels de Benoît XV etc.). En nous centrant sur les acteurs (individuels ou collectifs) nous voudrions intégrer un certain nombre de perspectives et de renouvellements de la réflexion historique, en nous attachant par exemple aux itinéraires individuels, aux réseaux, aux représentations et initiatives culturelles, aux formes de résistances aux courants intellectuels et pouvoirs dominants, aux controverses menées avec les contempteurs du pacifisme, mais aussi aux divergences au sein du camp de la paix, ou à la dimension affective de la cause de la paix.
Les communications du colloque pourront aborder en particulier les points suivants :
1. Hommes et femmes de paix (personnalités marquantes, militants, études prosopographiques etc.)
2. Lieux et réseaux de défense de la paix (sociétés de paix, congrès internationaux, bureau de la paix, union interparlementaire, internationales, fondations, prix, revues, publications etc.)
3. Initiatives et manifestations de paix (conférences ou projets de conférences, interventions dans les conflits et crises internationales, tentatives pour rétablir la paix, mouvements pacifistes et antimilitaristes etc. )
4. Les Etats face aux défenseurs de la paix (encouragements, utilisation, marginalisation, tolérance, répression etc.)
5. Idées, représentations, controverses (justifications de la défense de la paix ; argumentaires économiques, sociaux, politiques, culturels, moraux, religieux ; théories et constructions idéologiques ; débats, controverses, etc. )
6. Désirs de paix (paix rêvée, paix espérée, expressions, sentiments, comportements)
Dans le déroulement du colloque il n’est pas prévu de séparer en deux blocs les périodes de l’avant-guerre et de la guerre et les communicants auront tout loisir de parcourir la période dans sa totalité ou en partie ou encore de privilégier un moment particulier. La question de l’influence, la problématique de l’échec des défenseurs de la paix sera un des fils conducteurs de ce colloque, et une attention particulière sera apportée à l’année 1917 choisie comme borne chronologique de nos travaux.
Envoi et choix des propositions
Les propositions de communications doivent être envoyées en français ou en anglais (fichier attaché en format word ou pdf) à l’adresse suivante :
Elles comporteront un titre et un résumé d’environ 2000 signes, les coordonnées complètes de l’intervenant (nom, prénom, fonction et rattachement institutionnel, couriel, adresse postale du domicile, téléphone) et une courte biographie de ce dernier.
Les langues du colloque sont l’anglais et le français. Dans la mesure du possible, une traduction simultanée sera assurée.
Date limite d’envoi des propositions : 15 avril 2013
Choix définitif des propositions par le Comité scientifique : 1er juin 2013
Réception des textes des communications destinées aux discutants assortis d’un résumé de 1000 signes maximum : 15 novembre 2013
Déroulement du colloque : 15-16-17 janvier 2014
Réception des textes définitifs pour publication : 15 mars 2014
Les frais de voyage et d’hôtel sont pris en charge par les organisateurs du colloque. L’organisation sera précisée aux intervenants retenus au mois de juin 2013.
Comité d’organisation
Thierry Bonzon (Université Paris-Est Marne la Vallée- Laboratoire ACP)
Rémi Fabre (Université Paris-Est Créteil- CRHEC)
Elisa Marcobelli (Institut historique allemand)
Michel Rapoport (Université Paris-Est Créteil- CRHEC)
Arndt Weinrich (Institut historique allemand)
Comité scientifique
Tobias Arand (Université de Ludwigsburg), Jean-Jacques Becker (Université Paris X- Nanterre), Fabienne Bock (Université Paris-Est Marne la Vallée), Thierry Bonzon (Université Paris-Est Marne la Vallée), Florence Bourillon (Université Paris-Est Créteil), Gilles Candar ( Société des études jaurésiennes), Rémy Cazals (Université Toulouse-le-Mirail), Sandi E. Cooper (Université de New York), Lucio d’Angelo (Université de Pérouse), Rémi Fabre (Université Paris-Est Créteil), Verdiana Grossi (Université de Genève), Christa Hämmerle (Université de Vienne), Karl Höll, (Université de Brême), Gerd Krumeich (Université Heinrich Heine de Düsseldorf), Norman Ingram (Université de Concordia, Montréal), Elisa Marcobelli (Institut historique allemand), Holger Nehring (Université de Sheffield), Michel Rapoport (Université Paris-Est Créteil), Jean-Louis Robert (Université Paris-I Panthéon-Sorbonne), Piotr Szlanta (Université de Varsovie), Laurence Van Ypersele (Université de Louvain), Arndt Weinrich (Institut historique allemand), Jay Winter (Université de Yale).
Centre de Recherche en Histoire Européenne Comparée (CRHEC) de l’Université Paris-Est Créteil
Laboratoire Analyse Comparée des Pouvoirs (EA 3350) de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée
PÉGUY ET SES CORRESPONDANTS
Colloque organisé par l'Amitié Charles Péguy avec le concours de l'Université (équipe de recherche Polen) et de la Ville d'Orléans
Présidence : Claire Daudin, présidente de l'ACP
10 h Pierre-Jean Dufief, "La méthode d'édition des correspondances et ses évolutions"
10 h 30 Pause et discussion
Présidence : Bernard Ribémont, directeur de l'équipe Polen
14 h 30 Michel Drouin, "Péguy–Michel Arnauld (Marcel Drouin)"
15h Dominique Millet-Gérard, "Péguy-André Suarès"
15 h 30 Pause et discussion
16 h Bernard Duchatelet, "Péguy–Romain Rolland"
16 h 30 Marie-Brunette Spire, "Péguy-André Spire"
Octobre 2012 restera selon toute vraisemblance comme un mois particulièrement faste pour l'édition jaurésienne :
À qui profite le protectionnisme ? De larges extraits du discours de Jaurès (juin-juillet 1897) présentés et annotés par Igor Martinache, publiés par Les petits matins et Alternatives économiques.
Justice d'abord ! Une anthologie d'articles et de discours de Jean Jaurès présentée par Gilles Candar pour la collection Les rebelles du Monde, sous la direction de Jean-Noël Jeanneney et la responsabilité éditoriale de Grégoire Kauffmann, proposée à la vente en kiosque le 11 octobre 2012.
De l'éducation, réédition revue et augmentée du livre paru chez Syllepse en 2005, réalisé, présenté et annoté par Catherine Moulin, Madeleine Rebérioux, Guy Dreux, Christian Laval et Gilles Candar, Le Seuil, « Points-Essais », 2012.
Jaurès face aux paysans : une vision socialiste de l'agriculture française, conférence d'Alain Chatriot aux Rendez-vous de l'Histoire à Blois, le 19 octobre 2012 à l'amphi Vert, publiée par la Fondation Jean-Jaurès dans sa collection « Essais ».
→ Téléchargez l'essai sur le site de la Fondation Jean Jaurès
L'Armée nouvelle, édité, présenté et annoté par Jean-Jacques Becker, tome 13 des Œuvres de Jean Jaurès chez Fayard.
"Jaurès est sollicité par (presque) tous les courants politiques français et de nombreuses traditions intellectuelles très diverses se réclament de son oeuvre, et ce depuis des décennies. A travers une mise au point historique, théorique et politique cette conférence reviendra sur le rapport de Jaurès à Marx et aux marxistes de son époque, avec qui il eut des débats parfois virulents, mais également des convergences indéniables, sans lesquelles la synthèse jaurésienne serait vide de sens".
Dans le cadre du projet "Jaurès n'est pas mort", le PAC Huy-Waremme et Mémoire et Action Collectives vous invitent à découvrir trois expositions venues de France. "Jaurès en son temps ou la lumière du verre" se compose de photographies d'époque retraçant la vie de Jaurès, tandis que "Jean Jaurès en bande dessinée " suit le plan de l'ouvrage réalisé par G. Chapelle et Ph. Enjalbert. A cela s'ajoute une exposition didactique toulousaine ainsi qu'une série d'ouvrages et de périodiques prêtés par la Bibliothèque publique de la Ville de Huy. Ouvert tous les jours, de 10h à 12h et 14h à 18h.
P.A.C., tél. 085.25 08 50 – www.pac-huywaremme.be
Le manuscrit de Jaurès mis en vente aux enchères au château de Lasserre (Montastruc-la-Conseillère) en mars 2012 a beaucoup fait parler de lui, indice marquant de la présence toujours forte de Jaurès dans l'espace public. Il s'agit d'un document important, ne serait-ce que par sa taille, le plus long manuscrit conservé de Jaurès semble-t-il : 121 pages de la main de Jaurès, rédigeant la motion de la fédération du Tarn en vue du congrès de Toulouse de la SFIO (15-18 octobre 1908), un moment-clef de l'histoire du socialisme et de la pensée jaurésienne. Le texte n'était pas inconnu : il a été publié dans Le Cri des travailleurs du Tarn le 18 octobre 1908. Ce n'est pas non plus le document essentiel du congrès, il n'a ni le souffle, ni l'ampleur du discours « de Toulouse », prononcé lors du congrès. Il doit être confronté avec tous les autres textes préparatoires, notamment les articles publiés par Jaurès dans L'Humanité ou La Dépêche. Les propriétaires de ce texte, descendants d'une famille albigeoise liée à Jaurès, souhaitaient depuis longtemps le vendre assez cher et avaient approché jadis Alain Boscus, directeur du Centre national et musée Jean-Jaurès, puis plus récemment son directeur actuel, Hugues Vial, ainsi que d'autres institutions ou acquéreurs potentiels.
L'Humanité et son directeur Patrick Le Hyaric dont l'intérêt particulier pour l'oeuvre et la vie de Jaurès est connu, ont mené campagne pour que ce manuscrit intègre une collection publique et puisse être consulté par les chercheurs. Un appel public signé par des intellectuels de renom (Régis Debray, Robert Guédiguian, Ernest Pignon-Ernest...) interpella le ministère de la Culture (L'Humanité, 15 mars 2012). Les Tarnais et les habitants de la région Midi-Pyrénées se sont montrés aussi très attachés à la conservation locale du manuscrit (cf. La Dépêche du 15 mars 2012), comme en témoignèrent les interventions de Roland Foissac, conseiller général PCF d'Albi, de Rémy Pech, ancien président de l'Université de Toulouse-Le Mirail et d'autres... Le problème était de le faire au meilleur coût (cf. L'Humanité, 20 mars 2012). Au passage, la remarque ne vaut pas que pour ce seul texte et les pouvoirs publics seraient sans doute bien inspirés de revoir les dispositions législatives permettant à la puissance publique de récupérer à meilleur compte ce qui doit intégrer les archives ou les bibliothèques publiques. La dérive vers l'individualisme et la privatisation croissants devrait être enrayée. L'historien des archives et jaurésien éminent Vincent Duclert avait naguère émis quelques propositions en ce sens, pour une préemption moins dépendante des aléas voire des manœuvres du marché.
En attendant, le document qui n'avait pas trouvé preneur le 25 mars, mais avait ensuite (le 18 mai) obtenu un débouché en vente directe auprès d'un particulier pour 178 000 euros, a finalement été préempté par l'État le 30 mai 2012 (cf. l'article d'Anna Musso, « Le manuscrit de Jaurès dans le domaine public », L'Humanité, 31 mai 2012). La somme est fournie à parts égales (50 %) par le ministère de la Culture et le Conseil général du Tarn présidé par Thierry Carcenac (PS). Le manuscrit sera conservé à Albi aux Archives départementales du Tarn et consultable dans les conditions habituelles. Ce document a incontestablement une « valeur morale et patrimoniale forte » en plus de sa valeur scientifique intrinsèque comme je l'expliquais dans une interview à L'Humanité (20 mars 2012) réalisée par Anne Musso. L'affaire se conclut donc heureusement, mais à un coût élevé... Les compromis nécessaires ?
G. C.
La Bibliothèque nationale de France, en partenariat avec le CEDIAS-Musée social, souhaite procéder à la numérisation de la collection du Bulletin et des Cahiers Jaurès, de l’année 1960 à l’année 2000.
Les fascicules numérisés en mode image et en mode texte par la BnF seront rendus accessibles sur Internet, de façon libre et gratuite, par le biais du site dont la BnF assure la responsabilité : Gallica, ainsi que dans le catalogue en ligne de la bibliothèque du CEDIAS-Musée social.
Il est en conséquence demandé aux auteurs ayant collaboré à ces titres, ou à leurs ayants droit, de bien vouloir remplir le formulaire d’autorisation ci-joint et le retourner à la :
Société d’études jaurésiennes
Gilles Candar
4, rue Toussaint-Féron
75013 Paris